Trop souvent sous-estimé, le métier de ripeur est pourtant essentiel pour assurer la collecte et le traitement des déchets des habitants, contribuant ainsi à préserver un cadre de vie sain.
Pour beaucoup d’entre nous, la notion de « ripeur » est peu connue et désigne ce que l’on appelle communément « éboueur ». Pourtant, leur rôle va bien au-delà puisqu’ils sont au cœur de la gestion des déchets, un enjeu crucial pour nos territoires.
Pour mieux comprendre leur quotidien et les enjeux auxquels ils font face, nous avons rencontré Victor, chauffeur-ripeur à Thonon Agglomération depuis janvier 2024. Il partage avec nous son parcours, son expérience et son regard sur sa profession.
« Sensible aux enjeux environnementaux depuis ma plus tendre enfance, j’ai d’abord suivi des études en aménagement paysager puis j’ai rejoint une fabrique géante d’insectes utile dans la Drôme avant de rejoindre la région et d’exercer en tant que chauffeur de camions-bennes au sein d’une société privée.
Après avoir travaillé six ans et demi comme chauffeur pour une société privée, notamment sur des bennes à ordures ménagères et des camions-grues, j’ai ressenti le besoin de changement. Les valeurs de Thonon Agglomération correspondaient davantage à ce que je recherchais, et c’est aussi pour cette raison que j’ai postulé. J’ai déposé une candidature spontanée en novembre 2023 et j’ai rejoint l’équipe en janvier 2024. »
« Je suis affecté au camion-benne dédié à la collecte des emballages et papiers, et mon rôle consiste à assurer la collecte de ces déchets sur la voie publique.
Ma journée de travail commence à 5h00 avec une première tournée et vers les coups de 08h30, nous avons une pause de 20 minutes avant de reprendre pour une deuxième tournée qui se termine à 12h30. Les horaires et les parcours ont été pensés pour s’adapter au mieux aux habitudes des habitants, tout en garantissant une collecte efficace.
Ce rythme de travail exige une bonne organisation et une gestion rigoureuse de la fatigue. Mais c’est aussi une question d’habitude : avec le temps, on finit par s’y adapter. »
« Les tournées sont planifiées pour limiter les risques pour les agents. Cependant, entre les travaux et la circulation dense, cela reste parfois dangereux. Les automobilistes impatients roulent parfois très vite et frôlent les camions en doublant.
Pour renforcer notre sécurité, nous avons pour consigne, sur les axes à double sens de circulation, de toujours descendre du camion côté droit, pour éviter les accidents graves, comme se faire rouler sur les pieds ou bien nous faire renverser.
Nous sommes conscients que notre travail peut occasionner des ralentissements dans les trajets quotidiens des habitants, mais nous faisons de notre mieux pour allier efficacité et sécurité. Chaque intervention demande de bien positionner les bacs sur les lève-conteneurs tout en restant constamment vigilants face aux dangers qui peuvent survenir à tout moment.
On ne s’en rend pas forcément compte lorsqu’on est extérieur au métier, mais être ripeur, c’est aussi affronter des risques au quotidien, souvent dus à un mauvais tri des déchets.
Cette année, trois départs de feu conséquents ont eu lieu dans les camions, dont un causé par des bonbonnes de gaz. Mais on retrouve également des piles ou encore des seringues médicales et cela peut entraîner des conséquences graves.
Beaucoup de gens pensent que dans le bac jaune, on peut tout mettre : du verre, des déchets alimentaires ou encore des déjections animales. Il est important de rappeler aux habitants que chaque déchet doit être déposé dans un point de collecte approprié. Un geste simple pour les habitants, mais crucial pour notre sécurité et pour un traitement optimal des déchets. »
« On peut se demander pourquoi j’ai choisi d’exercer ce métier, mais pour moi, c’est avant tout un choix de vie. La gestion des déchets m’a toujours intéressé : comprendre leur origine, leur traitement et leur devenir. Travailler sur le terrain me permet aussi d’être plus près des habitants et certains nous le rendent bien. Je me sens utile et je pense qu’il est essentiel d’être en accord avec le métier que l’on exerce. C’est ce que je ressens dans mon rôle de ripeur, même s’il n’est pas toujours valorisé ou considéré à sa juste valeur.
Mon petit garçon, lui, est fasciné par ce que je fais, notamment par les camions. Il y a ce côté « magique » dans son regard et cette « insouciance » qui m’émerveille. Il n’est pas dans le jugement et pour moi c’est important ».